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La saison de pâture approche à grands pas. Dès que la première herbe commence à pousser au printemps, les propriétaires de chevaux n’ont qu’une envie : mettre leurs compagnons au pré. Or, comme les chevaux sont généralement nourris exclusivement avec du fourrage grossier tout au long de l'hiver, une transition à l'herbe en douceur est indispensable.
Eviter les changements brusques de régime alimentaire
Les chevaux sont très sensibles aux changements brusques d'alimentation, il est donc indispensable de procéder à une mise au pâturage progressive. C'est la seule façon pour la flore intestinale, habituée à une alimentation riche en cellulose brute, comme le foin et/ou le préfané (haylage) et la paille distribués tout au long de l’hiver, de s'adapter à l'herbe riche en protéines et en sucres et pauvre en cellulose brute. Des problèmes de santé graves tels que les coliques ou les fourbures peuvent ainsi être évités. Les microorganismes de l'intestin ont besoin d’environ 14 jours pour s’adapter à un nouveau régime alimentaire. La mise au pâturage devrait donc elle aussi s’étaler sur deux semaines au minimum, une durée de trois à quatre semaines serait idéale.
Augmenter progressivement le temps de pâture
Les deux premiers jours, il faudrait commencer avec 15 à 20 minutes de pâture. Ensuite, on peut la pro-longer tous les deux jours de 15 minutes. Une fois que la période de pâture atteint une heure, l'exten-sion peut se faire par demi-heure jusqu'à ce que la durée de pâture souhaitée soit atteinte. Si les chevaux ont de la diarrhée ou des maux de ventre, la durée de pâture devrait être raccourcie ou du moinspas prolongée, jusqu'à ce que les symptômes disparaissent. Les chevaux qui ont accès au pâturage toute l'année peuvent en revanche s'adapter lentement à leur nouvelle alimentation et n'ont donc pas besoin de mesures particulières lors de la mise au pâturage.
Choisir le bon moment pour faire pâturer les chevaux
Lorsque le soleil brille, les plantes produisent de l’énergie grâce à la photosynthèse. Cette énergie peut être utilisée directement par la plante pour sa croissance ou être stockée à l’intérieur de la plante pour une utilisation ultérieure. Au cours des deux à trois premières semaines de croissance, l’herbe broutée par les chevaux est riche en protéines et en glucides non-structurés tels que l’amidon et les fructanes. Plus l'herbe pousse et vieillit, plus les plantes se lignifient. Le taux de fibres brutes augmente et les teneurs en sucres et en protéines diminuent. En pratique, on constate que les chevaux tolèrent plutôt bien les apports excessifs de protéines. Un excès contribue néanmoins à une surcharge du métabolisme, notamment au niveau des reins et du foie, et peut causer des coliques et de la diarrhée. L’excès d’amidon et de fructanes (sucres) mène quant à lui à l’embonpoint et peut favoriser le syndrome de la fourbure, une inflammation grave et très douloureuse des pieds des équidés. Les chevaux, poneys et ânes en surpoids ainsi que les animaux atteints de maladies endocriniennes comme le syndrome de cushing ou le syndrome métabolique équin sont particulièrement à risque.
Les taux de fructanes varient d’une plante à l’autre et fluctuent au cours de la saison et au cours de la journée, influencés notamment par la température, la disponibilité de l’eau et l’ensoleillement. Voici quelques exemples concrets :
Distribuer du foin avant la mise au pâturage et adapter la ration
Il est recommandé de distribuer du foin avant de mettre les chevaux au pâturage, ce qui évitera qu’ils mangent de l'herbe fraîche avec frénésie et fournira à la flore intestinale, qui ne s’est pas encore com-plètement adaptée, un substrat approprié pour la digestion. Il est également conseiller de réduire la ration standard de foin et de grain en tenant compte de l’apport complémentaire en énergie et en pro-téines via l’herbe.
Ne pas donner d'aliments concentrés directement avant ou après la pâture
Il faut éviter de donner de l’aliment concentré immédiatement avant ou après la pâture. En effet, les céréales fournissent des glucides supplémentaires au tube digestif qui doit déjà digérer les glucides contenus dans l’herbe.
Limiter la consommation d’herbe
Une fois que la flore microbienne du tractus digestif du cheval s’est adaptée au nouveau régime alimentaire, les chevaux peuvent profiter de belles heures au pâturage pour exprimer leurs comportements naturels : brouter, se déplacer et entretenir des contacts sociaux avec leurs congénères. Pour les équidés ayant une tendanceà l’embonpoint (notamment les races dites « rustiques », les poneys et les ânes), ainsi pour que les animaux sujets à la fourbure, la consommation d’herbe doit, dans bien des cas, être fortement limitée tout au long de la sai-son de pâture. Bien souvent, il est nécessaire de res-treindre la durée des sorties au pâturage et de choisir des pâtures avec peu de végétation. Pour certains animaux, un panier (muselière) peut être une bonne solution pour ralentir l’ingestion d’herbe. Il faut veiller à ce que l’animal puisse boire régulièrement et à ce qu'aucune blessure ou abrasion à la bouche ne soit causée par la muselière.
Copyright texte et photo: Bureau de conseils cheval, Agroscope, Haras national suisse HNS