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Enfant de Vevey et petite-fille de Charlie Chaplin, Laura Chaplin a réussi à se faire un prénom dans le monde de l'art où elle est reconnue en tant que peintre. À 28 ans, la jeune femme déborde d'envies et de projets.
Texte: Marie-Sophie Péclard
C'est dans la galerie de l'Espace Murandaz de Nyon que nous rencontrons Laura Chaplin, en plein milieu de l'après-midi. Pour nous accueillir, la jeune femme a fait une petite entorse à son planning habituel: ces heures se passent normalement à l'atelier de Vouvry, pour peindre. Une pratique régulière qui lui est devenue indispensable: "Depuis la première exposition, la peinture est devenue un besoin. Je ne m'arrête plus!"
Mais cette passion remonte à l'enfance. Toute petite, elle aime se balader dans la maison familiale, toujours un crayon ou un pinceau en main, et croquer sa famille. Ces petits dessins sont même vendus aux invités de passage pour la modique somme de deux ou cinq francs. Aujourd'hui, la cote de ses toiles peut atteindre 30 000 euros… À 18 ans, elle fait cadeau à sa mère d'une peinture de Marylin Monroe en style pop-art. Quelques années plus tard, l'une de ses amies, en voyant la toile, lui conseille d'exposer. Devant l'incertitude de Laura, elle la met en contact avec une galeriste qui cherche des artistes pour son nouvel espace, la galerie En Beauregard à Montreux. Le coup de foudre est réciproque, pour les œuvres de la jeune femme et pour ce lieu magnifique. Un an et soixante toiles plus tard, Laura réalise sa première exposition. "C'était le gros stress et l'angoisse pour ce vernissage! Je ne savais pas ce que les gens allaient dire et finalement tout le monde a été touché."
L'une des particularités de son travail est de ne traiter que de trois thèmes, qu'elle développe en mille variations: les femmes, les chevaux et Charlot. "Ce sont des thèmes qui me parlent, qui me représentent. On me reconnaît toujours comme Chaplin avant Laura. Je n'ai pas connu mon grand-père, c'est donc ma manière de lui rendre hommage et de le découvrir. Les femmes, cela vient de mon attrait pour la mode et le stylisme, j'aime beaucoup la silhouette de la femme. Je peins toujours ces toiles avec les doigts, pour donner un certain volume et une texture unique. Je fais de l'équitation, les cheveux m'inspirent tous les jours et je les trouve très expressifs".
Autre signature: les cœurs, qui se cachent dans chacun de ses tableaux et qui rappellent le tatouage que Laura s'est fait faire à ses dix-ans sur le poignet, la figure de son grand-père stylisée dans un cœur: "J'ai toujours adoré la forme du cœur". L'explication est aussi simple que cela, ce qui est dit long sur la manière qu'a Laura d'appréhender son art et la vie en général: "Je travaille beaucoup sur le feeling, c'est primordial."
C'est aussi cet instinct qui lui dit de présenter les tableaux mettant en scène son grand-père, malgré une petite hésitation: "Ma famille, surtout, me disait que cela faisait un peu cliché. Mais je le peins depuis toujours et j'adore le faire. Pourquoi je ne le ferais pas? Et finalement c'est le thème qui me parle le plus. Si un jour je n'ai plus d'idées ni d'envies, j'arrêterai." D'ailleurs, la figure de Charlot ne lui a jamais été imposée: "En famille, on en parle presque jamais, parce qu'on en parle déjà tellement en dehors! C'est à seize ans, pendant mes études de cinéma, que j'ai vraiment commencé à creuser et à m'informer. Je me suis alors vraiment rendu compte de l'ampleur qu'il avait autour de monde."
Charlie Chaplin nous ramène à une autre composante importante de la vie de Laura: le manoir de Ban, dernière résidence du célèbre cinéaste. Les souvenirs s'égrainent dans la lumière innocente de l'enfance, entre le jardin, les poneys Shetland de sa grand-mère Oona et les célèbres invités de son père Eugène, Michael Jackson et Anthony Hopkins parmi ceux dont elle se souvient le plus: "C'était le paradis". La petite fille aime être dans la nature et adore les animaux, et restera très marquée par un premier voyage en Afrique du Sud à l'âge de neuf ans. Les voyages ont ainsi échelonné sa vie, elle se souvient particulièrement de la Colombie où elle se rend en 2011 avec l'association "Moi pour toit", qui vient en aide aux enfants défavorisés de Pereira et dont elle est la marraine depuis 2011: "On a peint avec les enfants et regardé des films de mon grand-père! Ce souvenir restera pour toujours dans mon cœur".
À 11 ans, elle part pour étudier en Angleterre. Elle y poursuit des études de cinéma et de psychologie avant de revenir s'installer en Suisse, là où elle se sent chez elle. Déjà intégrée dans le monde de la mode (elle est mannequin depuis l'âge de 13 ans), elle s'inscrit à vingt ans à l'école Canvas à Lausanne où elle obtient un diplôme de design de mode. Les vêtements, les toiles, tout se recoupe sous la même envie: créer. Sa passion pour la peinture la rattrape en 2011, l'année de sa première exposition. Depuis, la jeune femme a décidé de se consacrer à son art.
Artiste généreuse et sincère, elle pourrait bien ajouter une nouvelle corde à son arc: elle se consacre à un projet de livre sur le rire: "Rire apporte tellement, j'avais envie de creuser un peu le sujet. Avec la maison d'édition, on a décidé de mélanger des anecdotes sur mon grand-père ou mes expériences, et des études sur le bien-être non seulement physique mais aussi mental que provoque le rire. Je ferai aussi quelques illustrations. Mon grand-père disait qu'une journée sans rire était une journée gaspillée, c'est une phrase à laquelle je tiens beaucoup." Face à sa vitalité et son enthousiasme, on la croit sur parole.
Laura expose actuellement quelques oeuvres dans les vitrines de TRM! www.laurachaplin.ch